La PrEP comme outil de prévention pour les femmes

Au 30 juin 2022, 1706 femmes avaient eu depuis 2016 au moins une prescription de PrEP soit 4 % de l’ensemble des PrePeurs (rapport Epiphare 2022) ; c’est une accélération de 65 % en un an, donc un progrès… à confirmer. Les femmes représentaient en 2021 29% des nouveaux diagnostics d’infection vih, avec parmi elles une proportion très élevée de femmes ayant migré d’Afrique subsaharienne (BSP national 2022). Pourquoi un tel hiatus dans la mise à disposition d’un moyen de prévention aussi efficace ?

Apporter aux femmes un contrôle autonome sur leur protection, les libérer du bon vouloir masculin d’utiliser un préservatif est pourtant bien à l’origine depuis les années 1990 des recherches portant sur des moyens de prévention qu’elles puissent maîtriser: les microbicides, le diaphragme, les antirétroviraux sur anneau vaginal ou le préservatif féminin.

Aucun de ces outils n’a la même efficacité que la PrEP. Si une proportion des femmes vivant avec le vih ont été infectées avant leur venue en France parce que l’incidence du vih en Afrique subsaharienne est plus élevée que celle des hommes, 4 femmes sur 10 se sont infectées après leur arrivée en France (contre 6 sur 10 chez les hommes) (Desgrées du Loû, 2016, Gosselin, 2020).

Ces migrants, hommes et femmes, réunissent toutes les indications de PrEP. Les facteurs associés à l’acquisition de l’infection en France ont bien été identifiés dans l’étude Parcours : les relations brèves et les rapports transactionnels pour les femmes et pour les hommes, en plus, les relations concomitantes, et à la limite de la significativité, les rapports payés.

Ces contextes d’exposition sont favorisés par l’absence de logement personnel pour les femmes et l’absence de papiers pour les hommes (Desgrées du Loû, 2015). Ces données sont maintenant un peu anciennes (2012-13) mais devraient éclairer les acteurs du vih, car la situation des migrants s’est plutôt détériorée depuis cette période.

Les femmes migrantes sont les plus vulnérables compte tenu de leur exposition élevée en raison d’une forte endogamie avec des partenaires du même pays ou moins souvent d’un autre pays africain, mais toutes les femmes peuvent bénéficier de cet outil de prévention à un moment ou un autre de leur vie.

Pour Paris sans sida, il est temps de diffuser l’information sur la PrEP pour les femmes, de soutenir les acteurs communautaires qui en font la promotion, d’inciter les médecins et même les CeGIDD à proposer la PrEP de façon plus systématique lors du dépistage, d’évaluer le bénéfice pour les femmes de la disponibilité de la PrEP et ceci sans attendre la disponibilité d’une injection associant arv et contraceptif que certains promettent comme l’horizon de la PrEP pour les femmes.

Pour les femmes, pour la prévention comme pour la contraception, le slogan (et les capacités à gérer) reste "la meilleure est celle que l’on choisit".

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